Plaidoyers pour la production française

« Quelques centimes par plante suffisent parfois pour perdre la commande »

PAR CHRISTIAN LANGEVIN, PÉPINIÉRISTE À DAMPIERRE-EN-BURLY (45)

Comme vous le savez, la production française diminue. Depuis dix ans, plus de 1 000 hectares de pépinière ont disparu. C'est parfois pour quelques centimes d'euros de moins par plante qu'une commande part au profit d'une entreprise située hors de nos frontières. C'est de l'activité économique qui s'échappe de nos entreprises. Commandez en France, soutenons-nous, demandez-nous. Nous faisons un beau métier : nous commercialisons des plantes qui s'embellissent avec le temps. Connaissez-vous un produit équivalent ?

« Inégalités intracommunautaires, concurrence déloyale, vive l'Europe ! »

PAR LES ETS BURY, HORTICULTEURS À BALDENHEIM (67)

Depuis l'ouverture des frontières, nous subissons une concurrence de plus en plus forte de pays pourtant européens. Cela principalement pour la simple raison que les coûts de production n'y sont pas, et de loin, les mêmes qu'en France.

En Allemagne, des structures comme la nôtre emploient des travailleurs venus des pays de l'Est à environ 6,5 ou 7 euros de l'heure et 12 euros toutes charges comprises pour les heures supplémentaires, les week-ends et les jours fériés.

En France, l'heure travaillée coûte à l'entreprise environ 18 euros en heure normale pour un SMIC (Salaire minimum interprofessionnel de croissance) et de + 25 à + 100 % en heures supplémentaires, week-ends et jours fériés.

Sachant que pour nos productions, la part salariale représente plus de 50 % du prix de revient. Pour notre production principale, le Dipladenia, nous subissons la concurrence espagnole, où la rémunération horaire des salariés, souvent nord-africains ou sud-américains, avoisine 4,50 euros.

Très éloignée de celle qu'on nous avait fait miroiter, c'est ça la « Belle Europe » que les entreprises françaises subissent au quotidien.

Cette Europe, qui à l'origine nous a été décrite comme un beau projet de construction, s'avère être, en réalité, une énorme entreprise de démolition dont le principal chantier est la France. Cela avec la bénédiction des castes politiques dirigeantes, d'hier et d'aujourd'hui, qui prétendent toutes agir dans l'intérêt de la France !!!

S'il n'est pas déjà trop tard, il est temps de prendre conscience que cette concurrence déloyale intracommunautaire fera disparaître, dans un avenir très proche, toutes les entreprises de production horticole française. Dans ces périodes difficiles, il est tentant d'acheter moins cher, mais il faut garder à l'esprit que tous les produits d'importation venant en remplacement d'un produit français contribuent à faire disparaître nos entreprises et à amplifier le chômage... Sauvons la production française, achetons local !